"Assister au mariage de ta soeur alors que je vais accoucher d'un jour à l'autre, ce n'est pas franchement l'idée du siècle ..." Steven leva les yeux au ciel, pour la énième fois depuis que lui et sa charmante épouse avaient prit la direction de la salle des fêtes, où devait se dérouler la célébration du mariage de sa soeur cadette. Les deux femmes ne pouvaient tout simplement pas se supporter. Et ce, pour la simple et bonne raison que le fiancé de la soeur de Steven, n'était autre que l'ex de l'épouse de Steven lui même. Bref, entre belles soeurs, elles avaient connu le même homme. Compliqué tout ça ? Prenez le temps de relire la phrase, et vous verrez que ça ne l'est pas tant en réalité. Disons que mon oncle par alliance, aurait pu être mon père. Ca ne vous aide pas ? Tant pis, passons. Ma mère était persuadée que sa belle soeur, avait fait exprès de mettre la date de son mariage, à la période où elle même était supposée accoucher ou être à la maternité. Un coup bas tout à fait puéril, en effet. Mais le fait était que c'était une habitude entre les deux femmes. Et que ça irritait au plus haut point, mon père. Pourtant, il ne pouvait rien faire contre ça. C'était sa propre soeur qui avait lancé les hostilités. Et dans le genre têtue, on n'en faisait pas de mieux. Quoi qu'il en soit, elle allait sortir victorieuse de cette petite guerre là, puisque ma mère eut ses premières vraies contraction, alors qu'ils entraient dans le village où devait se dérouler le mariage. Malheureusement, le fait que l'accouchement se déroule le jour même, fit que mon père n'allait pas non plus être au mariage. Ce qui n'était pas tout à fait prévu dans les plans machiavéliques de ma tante. Un partout, balle au centre ...

Deux ans plus tard, nous accueillions ma petite soeur. Un drame pour ma tante qui, de son côté, tentait d'avoir un enfant depuis son mariage, en vain. Les médecins lui avaient annoncé depuis longtemps, qu'elle aurait du mal à avoir un enfant. Mais que ce n'était pas pour autant impossible. Il allait simplement falloir qu'elle fasse preuve de beaucoup de patience et qu'elle ne se décourage pas. Mais savoir que sa belle soeur allait avoir son second enfant, la mettait tout simplement hors d'elle. C'était comme si tout ce qu'elles faisaient, faisait parti d'un concours ennuyeux et culotté, que personne ne comprenait. Ou seule ma tante y jouait peut-être ... Ma tante qui voulait se prouver à elle même, qu'elle était mille fois mieux que sa belle soeur, pour l'homme qu'elle avait épousé deux ans plus tôt. C'était bien idiot comme comportement, puisque personne n'y prêtait encore attention. La relation passée, était oubliée depuis bien longtemps. Sauf par elle, bien entendu. Quoi qu'il en soit, elle était si déçue, énervée et dégoûtée, de voir que sa belle soeur avait un autre enfant alors qu'elle même n'attendait que ça, qu'elle ne se rendit pas à la maternité pour les voir, le jour de l'accouchement. Moi j'y suis allé, avoir mon père, le jour même de l'accouchement, bien sûr. Ma soeur était née, comme moi, avec des cheveux déjà bruns et des yeux bleus foncés. Certains disaient qu'elle me ressemblait déjà. Moi, ce que j'en pensais ... C'était que c'était rien qu'un nouveau né. Et qu'elle ne pouvait pas me ressembler tant que ça. Je n'avais que deux ans. Bref ... Ma mère avait deux enfants, ma tante aucun. Deux points pour la première, un seul pour la seconde ...

Un peu tête à l'air, un peu maladroit et presque timide, c'était tout moi quand j'étais enfant. Alors que de son côté, ma soeur était un vrai petit diable, qui leur en faisait voir de toutes les couleurs. Si physiquement, nous nous ressemblions, nous étions finalement très différents l'un de l'autre du point de vu de nos caractères. J'étais obéissant alors qu'elle même aimait déjà défier nos parents. Et je ne faisais pourtant rien pour la calmer. Et ce, quand bien même j'étais l'aîné. Tant que nous ne tombions pas tous les deux au moment des punitions, moi ça m'allait très bien. Mais mes parents nous connaissaient assez l'un et l'autre, pour comprendre que les bêtises, c'était elle et pas moi. J'étais peut-être le chouchou d'entre nous deux. Et peut-être que ma soeur, Lennie, s'en fichait bien. Ma tante ? Rien n'avait changé. Toujours pas d'enfant et aucune évolution dans son couple. Son époux voulait adopter, à défaut de pouvoir concevoir naturellement. Mais elle le refusait, persuadée de pouvoir un jour tomber enceinte. Elle tenait à tout prix à donner un enfant à son époux, qu'elle chérissait plus que tout. Lui semblait ne pas y accorder autant d'importance qu'elle. Ce qu'elle ne comprenait pas. Mais elle se rendait trop malade à propos de sa quasi-stérilité, pour pouvoir en prendre tout à fait conscience. Et de son côté, il ne comprenait pas qu'elle se prenne autant la tête pour ça. Si c'était ainsi que ça devait se faire, alors ça se ferait ainsi, point. Au final, c'était un fossé qui était en train de se creuser entre eux. Alors que du côté de mes parents, l'amour semblait être au beau fixe et rien ne semblait pouvoir venir ébranler leur relation et leur petite famille si parfaite.

J'avais onze ans, j'étais toujours la sagesse incarnée, je me passionnais pour la lecture et le dessin. De son côté, ma soeur s'était largement assagit, sans pour autant en être au même point que moi. Elle était plus farceuse que vraiment chieuse. Plus boute-en-train énergique, que de ceux qui font des bêtises dès qu'ils le peuvent. J'étais proche d'elle, sans trop l'être non plus. Nous étions simplement un frère et une soeur. Ni plus ni moins. C'était mieux que rien. Nos parents s'en réjouissaient, parce que nous n'étions pas non plus du genre à nous disputer pour une tête de Barbie arrachée ou un disque rayé. Nous ne l'avions même jamais été. A cette époque, je commençais tout juste à prendre conscience de la jalousie de ma tante. Parce que, non, elle n'était toujours pas parvenue à concevoir un enfant. Et elle envisageait enfin l'adoption. De quoi soulager son époux, qui commençait à ne plus supporter l'entêtement idiot de son épouse. A chaque réunion de famille, c'était la même chose. Ma tante trouvait toujours à redire sur ma soeur et moi et l'éducation que nous avions eus. De toute évidence, elle ne pouvait pas supporter. Ca avait toujours été ainsi. Et j'avais fini par comprendre que c'était ma mère qu'elle ne supportait pas. Mes cheveux étaient trop longs à son goût, ma soeur mâchait son chewing-gum de façon vulgaire, on avait osé oublier de nous laver les mains avant le repas et ainsi de suite. Rien que des conneries qu'elle seule remarquait finalement. C'était fatiguant à la longue. Mais nous encaissions sans mot dire. Finalement, elle n'était qu'une femme aigrie, parce qu'elle n'avait toujours pas eus d'enfant. Mes parents acceptaient sans broncher. Parce qu'il en avait malheureusement toujours été ainsi.

"Un test de paternité ? Comment ça, un test de paternité ?" "Je veux être tout à fait certaine ... Du père de Lennie." Le raté d'un battement de coeur, la respiration coupée ... Je venais de prendre un coup de poing en plein estomac. Je venais de surprendre une conversation entre mes parents et ne savais déjà plus quoi en penser. Si elle avait un doute sur l'identité du père de ma soeur, c'était bien qu'elle avait trompé le mien, selon toute logique ... "Pourquoi éprouves-tu le besoin de ressortir cette stupide histoire, maintenant ? Ca ne t'a pas suffis de me tromper ? Avec lui, en plus ? " Et de toute évidence, mon père était déjà au courant de la trahison de son épouse. Sourcils froncés, main posée montre le mur à mes côtés, j'écoutais tout ça, d'une oreille attentive. Je n'avais rien à faire là. Au vu de l'heure et selon toute logique, j'étais supposé être au lit depuis deux bonnes heures déjà. Et j'y étais d'ailleurs, jusqu'à ce que l'envie d'aller boire me fasse sortir de mon lit. En passant, j'avais donc surpris cette conversation que je n'aurais jamais du entendre. Je commençais à me sentir mal, alors que j'apprenais que ma soeur n'avait peut-être pas le même père que moi. Tout comme je me sentais mal de savoir que le mariage de mes parents, n'était peut-être pas aussi parfait que ce que j'avais toujours pensé. "Steven ... Je ne supporte plus tous ces non dits et ce silence sur ça." "Est-ce que tu as seulement pensé à la réaction des enfants ? Et à celle de Mary ?" Que venait donc faire ma tante, dans la conversation ? "Elle n'est pas obligée de le savoir ..." "Si son mari est le père de Lennie, elle le saura tôt ou tard." De surprise et de choc, je reculai d'un pas. Le craquement du plancher sous mon pied, alerta mes parents. Déjà, mon père ouvrait la porte à la volée et me surprenait là. Je pris la première gifle de toute ma vie, avant de disparaître dans ma chambre. J'aurais préféré n'avoir jamais entendu cette conversation. J'avais quatorze ans et je venais d'apprendre que ma soeur n'était peut-être que ma demie soeur.

Durant les semaines qui suivirent, je me renfermai davantage sur moi même et devins presque impulsif. Je n'appréciais plus que peu les contacts avec les autres et quand l'on s'adressait à moi. Je ne répondais plus à mes parents, qu'avec insolence. Après tout, ils nous avaient caché une chose importante. Le fait que ma mère avait trompé mon père avec son ex, qui n'était autre que mon oncle. Vous saisissez ? Bref ... Tout ça, je n'en n'avais rien dis à Lennie. Je ne tenais pas à être celui qui mettrait pour de bon, le feu aux poudres. Je laissais cette horrible tâche, à celle qui nous faisait couler lentement mais sûrement. Et cette personne n'était autre que ma mère. C'était celle par qui tout était arrivé finalement. Et à défaut de pouvoir réparer ses erreurs, elle allait devoir les assumer. Mon père avait finalement consenti à accepter le test de paternité. La brosse à dents de ma soeur et un échantillon de salive de mon père, suffirent à faire analyser le tout, dans un laboratoire de la ville. Et le résultat fut immédiat et sans appel. Lennie et moi n'avions pas le même père. Ma mère jurait qu'il n'y avait eut aucun autre homme que Steven et mon oncle. Il semblait donc évident que ce dernier, était le père de Lennie. L'annonce fut faite lors d'un repas, juste entre nous quatre. Ma mère n'hésita pas à dévoiler l'identité du vrai père de Lennie, à elle justement. Le tout, sans se poser la question de savoir quelle serait sa réaction et si elle n'allait pas franchement mal le prendre, ou pire. "Est-ce qu'il est au courant ?" Ce fut la première question qu'elle posa. J'admirais son sang froid. A sa place, j'aurais plutôt hurlé et insulté mes parents. Mais elle, elle demeurait étrangement calme. Comme si ce n'était pas si grave que ça. Ou comme si elle 'avait toujours su. "Il l'ignore. Et nous ne le dirons pas. Je ne tiens pas à ruiner leur mariage. J'en ai assez fais comme ça ..." Quand je croisai le regard de Lennie, je compris de suite quelles étaient ses intentions. Elle n'allait absolument pas se contenter de ça. Pour sûr, elle allait plutôt aller trouver son père biologique. Et je ne soufflai mot. Ca ne me concernait pas et il était temps que les secrets soient révélés au grand jour. Quitte à détruire notre famille ... Ils n'auraient que ce qu'ils méritaient, finalement.

"Lennie, tu sais que tu es toujours autant ma soeur, n'est-ce pas ? " Le soir même de la grande révélation faite au cours du repas, j'avais rejoins ma soeur dans sa chambre, pour parler avec elle avant d'aller me coucher. Etrangement, alors que nous n'avions jamais été hyper proches l'un de l'autre, je me sentais davantage près à nouer de vrais liens avec elle, enfin. "Autant que tu es toujours mon frère, Morgan." Pour la première fois depuis bien longtemps, nous échangeâmes une étreinte ce soir là. Etreinte entre un frère et sa petite soeur. Avant de disparaître pour rejoindre ma propre chambre, je lui conseillai d'éviter la poêle de notre tante, si elle venait à se rendre chez eux pour leur apprendre d'elle même, l'étrange nouvelle. Si je plaisantais sur ce sujet, c'était pour tenter d'oublier combien c'était pesant en réalité. Pour oublier que le sujet était bien plus grave que ce que j'avais pourtant simplement envie de croire. Je voulais penser que ça s'arrangerait. Tout en sachant que rien ne pourrait changer finalement. Ce qui était fait était fait. Et la trahison remontait à près de treize ans plus tôt. J'ignorais si mettre au parfait notre tante et notre oncle, était une véritable bonne idée. Mais dans un même temps, je pouvais comprendre que ma soeur ait besoin de s'entretenir avec son père biologique. Tout en sachant pertinemment que c'était en train de mettre toute notre famille, dans une situation bien délicate. D'autant plus que nous avions désormais une cousine. Adoptée à l'âge de huit ans et originaire de Russie. Une petite blonde qui avait été mise à l'orphelinat, une fois que les autorités avaient découvert qu'elle était une enfant battue par ses parents. Du haut de ses huit ans, tout le monde était intimement convaincu qu'elle ne trouverait jamais de parents. Mais ça, c'était avant le passage de mon oncle et de ma tante.

"Tu n'es qu'une foutue salope ! Je savais que je ne pouvais pas te faire confiance et que tu trouverais un jour le moyen de briser mon mariage. Garce ! Pétasse !" Comme si les mots qu'elle lâchait, n'étaient pas explicites, il fallut que Mary ajoute à cela, des coups. Deux gifles s'écrasèrent sur les joues de ma mère, sous mon regard ainsi que celui de ma soeur. Elle était arrivée là comme une furie, avait sonné à la porte et avait souhaité le bonjour à sa belle soeur,de cette façon. La raison de son emportement était tout à fait clair. Inutile de nous faire un dessin, pour qu'on puisse le comprendre. Notre oncle -du moins mon oncle mais le père de Lennie- arriva bien assez vite et rattrapa son épouse, pour l'empêcher d'aller trop loin. Celle ci ne se débattait pas pour tenter de lui échapper mais son rictus haineux, prouvait combien elle haïssait sa belle soeur à l'instant présent. "Tu espérais le récupérer hein ? C'est pour ça que tu as décidé d'en parler aussi tardivement. Mais sache que c'est foutu pour toi. Tu te fourres le doigt dans l'oeil si tu crois qu'il va te revenir. Je lui ai pardonné. Mais toi ... TOI ! N'espère plus le revoir de sitôt. " Cette conversation, brève mais violente et explicite, marqua la fin de notre famille. Tous se rangèrent du côté de ma tante, tout en tentant de pardonner à mon oncle. Ma mère fut mise à l'écart et traitée comme la dernière des catins. Mon père qui voulait se montrer solidaire envers elle, accepta donc de se couper du reste de la famille. Ma soeur et moi même rendions parfois visite à mon oncle et à sa fille adoptive, en l'absence de notre tante. Et tout ça, dans le dos de nos parents. Parce que nous ne doutions pas que ça risquait de déclencher un nouveau drame familiale. A mon goût, il y en avait déjà eut bien assez comme cela.

"Rappel moi pourquoi tu pars aussi loin ..." Je levai les yeux au ciel, avant de lancer un regard moqueur, à l'adresse de ma soeur. Elle savait parfaitement pourquoi. Elle avait juste beaucoup de mal à se faire à cette idée. Et d'ailleurs, je la comprenais parfaitement. Nous n'avions jamais été vraiment séparés l'un de l'autre. Et là, je partais à des kilomètres et des kilomètres, de New-York. J'ignorais comment nous allions supporter la séparation. D'autant plus que nous partagions le même appartement, depuis près de huit ans. J'avais entrepris des études d'art après l'obtention de mon bac. Trois ans plus tard, je quittais définitivement le domicile familiale, pour un modeste studio, en périphérie de la grosse pomme. Ma soeur n'avait pas tardé à me rejoindre, pour être plus près de l'université où elle même étudiait, pour être plus près de moi et éloigné de nos parents. Parce que même s'ils étaient toujours mariés, l'ambiance à la maison n'était pas au top. Souvent c'était froid et tendu. Ils prenaient soin de ne pas se disputer devant nous mais les faits étaient là. Quand on les voyait se tirer la tronche et que le moindre de leur geste était sec et presque violent, on devinait qu'ils venaient de se disputer. Quant au reste de notre famille, elle était toujours du côté de notre tante, bien entendu. Les réunions ne se faisaient donc qu'une fois par an, le vingt quatre décembre au soir, jusqu'au vingt cinq au plus tôt. Et sachez que même en période de fêtes, l'ambiance n'était pas rose du tout. Tout au contraire même. C'était le moment préféré de notre tante et de notre mère, pour se disputer et se tirer dans les pattes, pour un oui ou pour un non. Notre oncle ? Ma tante l'avait envoyé se faire foutre (en ces termes précis) dès qu'elle avait apprit qu'il l'avait trompé et était le père biologique de ma soeur. Quant à cette dernière, elle était restée en contact avec lui malgré tout.

"Parce que c'est une opportunité en or et que je ne la laisserai passer pour rien au monde ..." Déclarai-je en refermant le dernier carton. Ca me faisait évidemment un petit quelque chose, de quitter ainsi ma soeur. Mais tout comme moi, elle travaillait et avait besoin d'une indépendance totale. Du haut de ses vingt six ans, il était temps qu'elle ait son propre appartement. Tout comme moi d'ailleurs. Avec ma soeur dans les parages, rien n'était jamais simple. Quand je ramenais une fille par exemple. Il fallait que je sois certain qu'elle ne serait pas là quand j'arriverais. Mais je ne comptais plus le nombre de fois où elle avait débarqué dans ma chambre au petit matin, pour m'y trouver en charmante compagnie. Entrer sans frapper ... Une sale manie qu'elle avait toujours eut. Et pourtant je ne lui en voulais pas du tout. Mais il était temps que j'ai un chez moi qui soit vraiment ... Chez moi ! J'avais besoin de pouvoir respirer, de pouvoir ramener qui je voulais chez moi et quand je le voulais. Et puis, j'avais cette possibilité dans ma carrière, à côté de laquelle je ne pouvais tout simplement pas passer. Avoir ma propre galerie d'art, me charger moi même de la vente de mes tableaux et de mes photographies ... C'était presque inattendu. Et pourtant, j'y avais eus droit. Il aurait fallut que je sois idiot, pour ne pas accepter d'évoluer en ce sens. A ce rythme là, je pourrais bien finir par exposer dans les plus grandes villes du monde, pour me faire vraiment un non et vendre mes toiles encore plus chers. Je n'aspirais pas à devenir un Picasso ou un Van Gogh en puissance. Mais être un peu plus connu et pouvoir largement vivre de mon art, c'était évidemment une chose à laquelle j'aspirais sérieusement. Et ma soeur me connaissait assez pour le savoir. "N'empêche que tu vas me manquer !" A nouveau, je levai les yeux au ciel.

"C'est pas si mal que ça ... Plus petit que notre ancien appart, ceci dit ..." Je ris de façon moqueuse et amusée, devant la remarque de ma soeur. Elle faisait celle qui boudait encore, parce que j'étais parti. Ca ne faisait qu'une petite semaine que j'étais dans cet appartement, qu'elle était déjà là. Parce que je lui manquais déjà. Un vrai pot de colle quand elle s'y mettait. "Evidemment ... Il n'y a qu'une chambre au lieu de deux. Parce que je sais pas si tu te souviens ... Mais je vis seul ici ! Oh et puis ma cuisine est ouverte sur la pièce principale. Alors qu'avant, on avait un salon Et une cuisine. Et pourquoi j'ai choisi ça ? Ah oui... Parce que je vis seul. Tu sais ce que ça veut dire ? Seul. J'ai plus ma petite soeur avec moi." "Sale con..." "Moi aussi je t'aime !" "Moi je t'aime plus. Et au fait, c'est quoi cette tâche par terre ?" Je suivis son regard, tout en sachant déjà de quoi elle parlait. La tâche de peinture beige, sur le joli parquet ciré. "Je me contente de te dire ce que c'est ou ... Je te dis comment c'est arrivé ?" Demandai-je en prenant mon air le plus innocent possible. Ma maladresse était légendaire. Être un sacré tête en l'air, ça provoquait parfois quelques déconvenues. Et c'était embêtant, bien entendu. Mais du haut de mes vingt huit ans, j'étais habitué à ça. "Résume !" M'ordonna-t-elle, en roulant des yeux d'un air exaspéré. "Y'avait une fille chez moi l'autre soir et ..." "Ok ok j'en ai assez entendu. Je ne veux pas savoir OU vous avez fais ça, ni comment, ni ... Rien du tout, ok ?" Je fis mine d'être totalement choqué, yeux écarquillés et bouche bée."J'allais seulement dire qu'une charmante voisine, avait accepté de venir m'aider pour mon emménagement. Il n'y avait pas qu'elle d'ailleurs ... Et bref, un seau est tombé. Mon pied à, effectivement, rencontré ledit saut ... Provoquant une chute vertigineuse et un renversement soudain." Je haussai les épaules puis me détournai d'elle pour aller en cuisine. Ben quoi ?

"Salut !" Devant l'air enjoué et presque enfantin de cette fille, je ne pu m'empêcher de sourire moi même. Je l'avais déjà croisé quelques fois à mon étage et l'avais même vu entrer dans son appartement, à côté du mien. Ainsi, je savais que nous étions voisins. Mais à tous les coups. Il m'avait semblé qu'elle était frappé de mutisme. "Bonjour ..." Répondis-je d'une voix douce. Je demeurai là, devant elle, attendant qu'elle ajoute quelque chose. N'importe quoi ... Mais rien. J'arquai un sourcil mais retrouvai quand même le sourire. "Bon ... Eh bien ... Bonne journée !" Lâchai-je avant de m'éloigner d'elle. Vraiment très bizarre cette fille ... Très bizarre ... Et pourtant je ne pu m'empêcher de sourire de façon sincère, alors que je repensais à sa tête devant mon bonjour. Ou à sa tête quand je la croisais simplement et lui offrais un sourire. Peut-être que c'est cet amusement et l'attendrissement qui suivait, qui me poussèrent à l'inviter une fois, puis deux. Je finis par me laisser prendre au jeu et à la trouver tout bonnement attachante.