I WAS BORN THIS WAY. « Salut, moi c’est Charlotte et toi ? » Je regardais la petite brune qui venait de s’approcher de moi. C’était mon tout premier jour d’école et tout comme les autres élèves j’étais heureuse d’être ici. Je lançais un immense sourire à la demoiselle qui prit place à mes côtés sans même me demander. Elle n’était pas gênée, mais je devais avouer que j’aimais bien ça et puis au moins je commencerais déjà par me faire une amie. Je plongeais alors mon regard dans le sien. « Moi c’est Nora. » Je continuais de sourire bêtement, j’étais heureuse tout simplement. Ce n’était pas spécialement le fait de rencontrer cette petite fille qui me rendait si heureuse, même si j’étais tout de même très contente de faire sa connaissance. Non ce qui me rendait aussi heureuse que ça c’était que pendant toute une journée j’étais éloignée de ma maison et ça honnêtement ça n’avait pas vraiment de prix. Personne ne savait vraiment ce que c’était de vivre dans la famille Valentyne, personne à part moi et je peux donc vous assurer que je donnais tout pour m’éloigner le plus possible de ma maison et donc de mes parents. Je n’avais que 4 ans pourtant. C’est jeune pour déjà avoir une mentalité pareille. C’est vrai. Mais en même temps je pense que personne n’aurait envie de vivre le genre de journée que je vis dans ma demeure et ça à n’importe quel âge ! J’étais donc heureuse de faire la rencontre de cette petite Charlotte qui devint très vite une amie très proche. Nous passions tout notre temps ensemble et très souvent en rentrant de l’école elle m’invitait chez elle. Ses parents étaient des gens merveilleux, assez riches d’après ce que j’avais pu comprendre et qui étaient toujours très adorable avec moi. Ils étaient un peu comme une deuxième famille pour moi et je voyais bien que mes parents étaient contents de ne plus m’avoir dans les pattes le soir en rentrant. De mon côté je me sentais nettement mieux, moins je passais de temps avec mes parents, mieux je me sentais. C’est comme ça donc que je commençais mon enfance. Ce n’est jamais facile pour une enfant de ne pas être apprécié de ses parents. Je n’avais pas vraiment d’éducation, je pouvais faire comme je voulais. Pour beaucoup ça peut sembler être un avantage. C’est vrai après tout, ne jamais avoir ses parents sur le dos c’est le rêve de tous les enfants non ? Et bien je ne pense pas pour autant que ce soit une très bonne chose. Bien au contraire, je n’ai jamais pu savoir quelles étaient les limites à ne pas dépasser et les bonnes manières, personne ne me les avais apprises. Sans vraiment m’en rendre compte cependant j’apprenais une bonne partie de tout ceci grâce aux parents de Charlotte qui me faisait parfois quelques remarques sur mon comportement, sans pour autant être méchant. Ca m’a beaucoup aidé c’est certain, mais il me manquait toujours quelque chose.

Le plus dur fut de découvrir que mes parents ne voulaient pas d’enfants, bon au moins après ça je comprenais un peu mieux les raisons de toutes ces querelles entre nous, mais enfin c’est toujours difficile de savoir que l’on n’est pas vraiment le bienvenu dans cette maison. J’ai découvert ça un soir alors que j’étais dans ma chambre, j’avais six ou peut-être sept ans, je ne sais plus vraiment, et mes parents étaient en train de discuter tous les deux dans le salon. Au départ c’était une conversation comme une autre et puis peu à peu le ton a commencé à monter. Je n’écoutais au départ pas du tout ce qu’ils disaient puis lorsque mon prénom arriva dans la conversation je m’étais empressée d’entrouvrir la porte de ma chambre pour entendre la conversation dans les moindres détails. « T’as qu’à t’occuper un petit peu toi de l’éducation de Nora, c’est de ta faute si on a un enfant aujourd’hui, tu sais très bien que moi je n’en voulais pas ! » C’était mon père qui parlait et déjà rien que ses paroles m’avaient blessées. J’avais eu alors l’espoir que ma mère lui dise qu’elle allait s’occuper de moi ou qu’il pouvait parler autrement de sa propre fille. Mais non, elle était aussi une garce et elle n’hésita pas une seule seconde dans ses paroles. « Tu sais très bien que je n’en voulais pas moi non plus, mais c’est arrivé et on est tous les deux fautifs ! Maintenant il faut assumer cette erreur. » Voilà ce que j’étais pour mes parents, une erreur rien de plus. En entendant tout ça je n’osais même pas imaginer la tête qu’ils ont dû faire le jour où le test de grossesse était positif ou encore le jour de l’accouchement. Ca devait être un sacré spectacle. Mais enfin au moins tout était clair à présent. Je n’étais pas du tout désirée par mes parents et dès ce jour-là j’ai fait mon possible pour ne plus leur adresser la parole. J’ai grandi comme j’en avais envie et jamais je n’ai cherché à les rendre fiers de moi.


I JUST HATED SCHOOL. Assise sur ma chaise, j’écoutais mon prof avec le plus d’attention possible, mais très vite mon attention fut attirée par un de mes camarades de classe qui voulaient discuter. J’étais beaucoup trop distraite en cours, d’ailleurs mes profs avaient fait la remarque à de nombreuses reprises à mes parents. Combien de fois ils avaient été convoqués durant les dernières années ? Je ne le comptais plus ! J’avais quatorze ans et je n’en avais vraiment plus rien à faire de l’école. Je préférais de loin aller m’amuser avec mes amis plutôt que de réviser. Charlotte était toujours autant présente dans ma vie, nous étions d’ailleurs inséparables toutes les deux. Elle aimait bien passer du temps avec moi, on allait faire les magasins ensemble ou on sortait en douce pour faire un peu la fête avec quelques camarades de classe. Nous étions sur la même longueur d’onde, à la différence près qu’elle n’avait pas des mauvaises notes en cours. Non parce que Charlie était intelligente, très intelligente. Mais elle le cachait. Jamais je ne lui ai demandé pourquoi elle le cachait, pour moi la réponse était de toute façon plutôt évidente : les intellos n’étaient pas très populaires et apparemment ça lui plaisait de l’être. Je n’ai pas cherché à juger quoi que ce soit, pour moi c’était carrément la classe d’avoir des aussi grandes connaissances. Mais je respectais son choix et je gardais donc tout ceci secret. Après tout c’est ma meilleure amie et une chose est sûre c’est qu’elle peut me faire confiance. En grandissant j’ai très vite appris à devenir une manipulatrice et à m’amuser avec certaines personnes. Mais ce qui est certain c’est que lorsque je décide d’accorder ma confiance je suis prête à tout pour ses personnes là et jusqu’à présent Charlotte était la seule personne qui avait ce privilège, si on peut appeler ça comme ça. En sortant du cours, Charlotte me regardait en secouant la tête. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Charlie se contenta d’afficher un petit sourire. « Tu crois pas que tu devrais essayer de suivre un peu mieux au cours Nora ? Si tu continues comme ça tu ne seras jamais diplômée ! » Je regardais alors ma meilleure amie avec un petit sourire en coin. Je savais pertinemment qu’elle avait raison, je ne pouvais pas continuer comme ça ! Mais en même temps je ne savais absolument pas quoi faire. Il était impossible pour moi de me concentrer en classe, je m’en fichais en fait de tout ce que je pouvais apprendre et puis de toute façon je savais que mes parents ne diraient rien au final. Même après avoir été convoqué par mes professeurs je ne sais combien de fois, ils n’ont jamais fait quoi que ce soit pour me remettre sur le droit chemin et vu mon côté un peu rebelle lors de mon adolescence je n’avais pas du tout l’intention de me remettre sur le droit chemin. « Ouais, mais qu’est-ce qu’on s’en fou de ce diplôme ! »

Trois semaines après cette conversation, je me rendais chez ma meilleure amie avec mon sac remplis de lire sur le dos. Lorsque celle-ci vint m’ouvrir, elle fronça les sourcils et son regard fut immédiatement attiré par mon sac. « Qu’est-ce que tu mijotes encore Nora avec ce gros sac ? » Ma meilleure amie affichait un petit sourire, croisant les bras en attendant ma réponse. « Faut que je reprenne un peu mon sérieux, aide moi à réussir mon diplôme s’il te plaît ! » Ma meilleure amie parut très étonnée et elle me laissa entrer chez elle. On s’installa dans sa chambre et depuis ce jour-là je commençais à suivre des cours intensifs avec elle. J’avais la très ferme attention de réussir mon école, du moins l’école obligatoire je ne savais pas vraiment encore ce que j’allais faire ensuite, mais il fallait que je réussisse. Charlie fit un travail tout simplement incroyable et grâce à elle mes notes remontèrent en flèche. De toute évidence elle savait comment enseigner les choses et je comprenais nettement mieux les choses avec elle qu’avec mes professeurs. Le temps passait à une vitesse affolante et j’arrivais à la fin de mon année scolaire. Les examens se passèrent beaucoup mieux que je ne l’avais espéré et grâce à ma meilleure amie je m’en sortais avec une moyenne plutôt raisonnable. Même mes professeurs étaient épatés et ils m’ont félicité à plusieurs reprises. Quant à mes parents et bien ils n’en avaient toujours rien à faire. Mais ça m’était égal et j’avais décidé de quand même faire mon lycée. Je n’avais pas spécialement pris le goût des études, mais je savais qu’il était important que je fasse un papier supérieur et de toute façon je n’avais pas du tout d’idée du métier que je souhaiterais faire. Jusque-là tout allait donc parfaitement bien pour moi. J’étais prête à avancer et puis Charlotte continuait à me suivre ce qui était parfait car je n’aurais pas du tout eu le courage de continuer sans elle. En entrant au lycée je lui avais d’ailleurs dit avec un immense sourire. « Je ne sais vraiment pas ce que j’aurais fait sans toi Charlotte, merci d’être toujours là pour moi, même si des fois j’ai un peu caractère de cochon. » Oui parce qu’en plus de tout ça je n’avais pas le caractère le plus tendre qui existe, pourtant Charlie continuait d’être là à mes côtés. Bon il faut quand même savoir qu’avec elle je suis légèrement différente, ce qui est normal puisqu’elle compte beaucoup plus pour moi que n’importe qui d’autre.


SOMETIMES WE DO STUPID THINGS. « Ce soir tu viens avec nous Nora ? » Je regardais le jeune homme qui venait de me poser la question et j’affichais un immense sourire. « Bah quelle question, bien sûr que je viens ! » Le soir même je me rendis donc à ce petit rendez-vous, c’était dans un parc de Seattle, dans un lieu bien caché du reste et nous nous réunissions ici depuis plusieurs semaines maintenant. J’avais à peine dix-sept ans et je trouvais ça tout simplement parfait. En arrivant là-bas le jeune homme du nom de Jason, celui qui m’avait parlé le matin même, me regarda avec un immense sourire. « Pile à l’heure, je me préparais justement ma petite dose de cocaïne ! » Je m’asseyais alors à côté de lui et celui-ci passa immédiatement son bras autour de mon épaule. « A toi l’honneur ma belle. » Je tournais alors mon regard vers lui avec un petit sourire en coin et je m’exécutais. Voilà où j’en étais aujourd’hui. J’étais bien sûr toujours au lycée, mais mes notes étaient à nouveau au plus bas. A la maison les choses avaient empiré. Mes parents essayaient de reprendre le dessus sur tout ce qu’ils avaient oublié de faire pendant toutes ces années et bien évidemment je ne voulais pas me laisser faire. Je faisais donc tout le contraire de ce qu’ils me disaient et à force j’avais fini par sombrer dans la drogue. Jason était comme mon petit copain et comme à notre habitude après cette petite soirée on est rentré tous les deux dans son petit studio pour baiser. J’étais devenue vulgaire et je m’en fichais, je trouvais même que c’était plutôt cool et puis Charlotte ? Et bien je ne la voyais plus autant qu’avant. Pourtant elle ne m’avait rien fait et je l’adore toujours autant ça c’est certain. D’ailleurs j’ai beau ne plus la voir ce n’est pas pour autant que j’ai commencé à la dénigrer ou je ne sais quoi d’autre. Non bien au contraire, je garde toujours son secret pour moi et puis je lui écris encore de temps en temps quand même pour prendre de ses nouvelles… Mais ce n’est vraiment plus comme avant et pour le moment j’étais loin de me rendre compte à quel point c’était dommage. Non je profitais de toute ces fêtes avec de l’alcool à volonté et de la drogue également et puis je m’éclatais comme une folle avec mon petit copain… Enfin soit disant petit copain parce que je ne savais pas vraiment si on pouvait appeler ça comme ça. On couchait ensemble, voilà tout ! Je n’avais absolument pas de sentiments pour lui et lui non plus à mon avis.

Ces conneries continuèrent encore un moment, jusqu’au jour où tout dégénéra. Une soirée tranquille entre potes, on prenait comme toujours notre petite drogue, on rigolait bien, etc. J’allais faire un tour aux toilettes et lorsque je revins c’était l’agitation totale. Mes potes appelaient une ambulance et mon regard se posa sur Jason. Il était allongé au sol, ses yeux regardaient dans le vide et le spectacle n’était pas beau à voir. Mes potes parlaient d’overdose et ma réaction fut de prendre la fuite. Je ne voulais surtout pas être impliquée là-dedans, la police allait arriver et je n’avais pas besoin d’emmerde. Je courais donc chez moi et je me réfugiais dans ma chambre, contente de voir que mes parents n’étaient pas là. C’était impossible. Jason était décédé à cause de ses conneries. Tout avait été beaucoup trop loin et je n’arrivais pas à croire que je m’étais laissée emportée comme ça. Je finis par m’endormir et c’est le lendemain matin que je repris les choses en main. La première chose fut de me rendre chez ma meilleure amie. Elle fut surprise de me voir et je ne la laissais même pas parler, j’allais droit au but. « J’ai besoin d’aide Charlie, au plus vite ! J’ai merdé et il faut que tout ce cauchemar s’arrête ! » Je rentrais chez elle et je me lançais alors dans mon récit, lui racontant tous les moindres détails de ces derniers temps et je me mis inévitablement à pleurer. De toute évidence j’avais honte de moi et je ne voulais pas continuer sur ce chemin beaucoup trop dangereux. Je voulais avancer, je voulais redevenir quelqu’un de bien et ne plus continuer toute cette merde. J’expliquais ça à Charlotte et celle-ci m’écoutait très attentivement. Pour la deuxième fois, je réalisais à quel point c’était fille était incroyable et à quel point elle tenait à moi. « Calme-toi Nora, tu vas remonter la pente tu verras ! On va y arriver, ensemble ! Main dans la main. » Et pour la première fois depuis bien longtemps j’affichais un vague sourire. Rien que ça me fit un bien fou et je me sentais enfin soulagée. Charlie allait m’aider, j’allais revenir sur le droit chemin, enfin ! Pour la deuxième fois elle était là pour moi alors que je l’avais laissée de côté durant ces dernières semaines. Mais ça c’est une véritable amitié et je savais que quoi qu’il arrive je pourrais vraiment toujours compter sur son soutien. D’ailleurs je lui fis encore une fois remarquer que je ne savais pas ce que je ferais sans elle et j’ajoutais même que plus jamais je ne ferais des erreurs pareils, à présent tout ceci était terminé. J’allais de l’avant et pour de bon cette fois-ci. Il fallait simplement que je relève la tête une toute dernière fois et je pourrais à nouveau vivre une vie normale. En tout cas c’était ce que j’espérais au plus profond de moi.

& THEN WE GROW UP. Charlotte était tout de même la personne la plus incroyable qui puisse exister sur cette planète. Je n’arrivais vraiment pas à croire tout ce qu’elle a réussi à faire pour moi. Je sortais du bâtiment et elle m’attendait juste devant le sourire aux lèvres. Elle était tout simplement radieuse et moi je me sentais nettement mieux. Je venais de terminer mon petit séjour dans le centre de désintoxication de Seattle et j’allais reprendre les cours le lendemain avec la très ferme attention d’avancer la tête haute. Je n’habitais plus chez mes parents, mais dans la famille de Charlie car ça n’allait vraiment plus chez moi, surtout pas depuis qu’ils ont appris que je me droguais et je ne pouvais pas rester une journée de plus en leur présence. J’avais donc déménagé mes affaires et à présent je voulais vivre la vie la plus normale possible. « Alors comment tu vas ma belle ? » J’arrivais à la hauteur de ma meilleure amie et je lui déposais un bisou sur la joue. « Nettement mieux je dois dire ! » On s’échangeait alors un petit sourire complice avant de rentrer chez la demoiselle bras dessus, bras dessous. C’était fini maintenant les conneries, j’étais grande, j’avais dix-sept ans et je devais me reprendre en main, c’était maintenant ou jamais. Je repris les cours le lendemain et comme il fallait s’y attendre ce ne fut pas franchement évident. Tout le monde me regardait de travers, les amis de Jason ne m’adressaient plus la parole et je devais avouer que ça me rassurait. Je ne voulais plus avoir à faire à ce genre de personne, surtout que j’avais appris plus tard que la mort de leur ami ne leur avait pas servie de leçon et qu’ils continuaient tous à se droguer. Je passais mes journées au côté de Charlie qui était la seule à se comporter avec moi comme elle le faisait avant cette histoire. C’était exactement ce dont j’avais besoin. Le temps passa et puis les gens finirent par oublier peu à peu celle que j’avais été. Tout avait bien changé, je n’étais plus autant rebelle qu’avant, je prenais mes responsabilités beaucoup plus à cœur et puis surtout j’étudiais. Bon bien sûr j’étais loin d’être aussi forte que Charlie à l’école et puis je continuais d’avoir un certain penchant pour la fête. Au départ je ne sortais plus les week-ends, je n’avais plus l’envie et puis de toute façon je savais que si je croisais des personnes du lycée ils allaient encore me regarder de travers. Mais j’ai fini par reprendre le goût à ça aussi et avec Charlotte on se fait des soirées d’enfer c’est certain.

A la fin du lycée, alors que nous avions toutes les deux nos diplômes en poche je regardais ma meilleure amie avec un immense sourire. « On en a fait du chemin toutes les deux quand même ! » « Alors ça tu peux le dire et tu ne m’as pas rendu la tâche facile c’est certain ! » Ma meilleure amie éclata de rire et j’en fis de même. Cela faisait un an, un peu plus maintenant, que tout ceci était derrière nous et à présent nous arrivions à en rire toutes les deux, ce qui était bon signe. « Dis, t’aurais envie de partir ? » « Comment ça partir ? Partir où ? Pour les vacances ? » Je regardais alors ma meilleure amie avec un petit sourire en coin. Depuis longtemps maintenant j’avais développé une passion pour la photographie. Peu de gens le savaient au départ, puis avec mes conneries j’avais laissé tomber tout ça et depuis je me suis remise et à fond cette fois-ci ! J’avais alors découvert qu’une école de photographie se trouvait dans la ville de Pasadena, elle était plutôt réputée et j’avais très envie d’y aller. Seulement partir à Pasadena voulait dire que je devais quitter Charlie et ce n’était certainement pas quelque chose que je voulais faire. « J’ai vu qu’il y a une école de photographie à Pasadena et j’aurais vraiment voulu y aller, mais je ne veux certainement pas partir sans toi ! » Ma meilleure amie affichait alors un petit sourire en coin, elle me cachait quelque chose c’était évident. « Tu crois que je n’avais pas remarqué toutes les recherches que t’as fait sur Pasadena et sur l’école ? J’avais déjà prévu le coup ma belle et pour moi on peut déménager quand tu veux, j’ai également trouvé mon bonheur dans cette ville. » C’était ça qui était génial avec Charlotte, elle arrivait toujours à anticiper les choses et je savais qu’elle non plus ne voudrait pas continuer à vivre sans que je sois encore là à ses côtés. Surtout pas maintenant que j’étais loin de tous mes petits problèmes. Et puis justement changer de ville me permettrait de prendre réellement un nouveau départ, rencontrer des nouvelles personnes qui ne sauraient rien de mon passé et je savais déjà que nous allions pouvoir nous éclater toutes les deux dans cette nouvelle ville. « Tu m’épates vraiment, tu sais ça ? T’es sans doute la personne la plus incroyable que je connaisse et tu es tellement forte franchement, je ne sais pas comment tu fais ! Mais en tout cas on va s’éclater à Pasadena ça c’est certain et je pense que ça nous fera du bien à toutes les deux de changer d’air ! Seattle on connaît, il est temps d’aller découvrir quelque chose d’autre. »


PASADENA. La vie à Pasadena… C’était comme au paradis. En tout cas pour ma part je m’y plaisais vraiment et il me semblait que Charlie également. Nous avions trouvé un superbe appartement dans un immeuble du nom d'Archimède. Il était un peu grand pour deux, mais ça ne faisait rien, on s’y sentait parfaitement bien. J’avais commencé mon école de photographie et je devais l’avouer, cette école était tout simplement parfaite. Je découvrais des techniques encore inconnues et je me réjouissais chaque matin d’aller en cours. C’était certain, je n’étais plus du tout la même fille qu’avant. Le temps passait, je grandissais de plus en plus et Charlie m’avait dit à plusieurs reprises qu’elle était très fière de celle que j’étais devenue, ce qui m’avait bien évidemment fait très chaud au cœur. Tout était parfait à Pasadena et rien ne pouvait entraver ce bonheur, j’en étais persuadée. Puis alors que j’avais 22 ans et que j’arrivais au bout de mes études, une nouvelle était arrivée. Je ne la qualifierais pas de bonne ou mauvaise, pour moi c’était une simple information sans aucune importance. Je me rappelle encore très bien, j’étais arrivée dans notre appartement et Charlie venait de raccrocher son téléphone. « Qui c’était ? » J’étais toujours très curieuse de savoir avec qui ma meilleure amie était en train de discuter et celle-ci me regarda alors sans rien dire. Elle avait quelque chose à me dire, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, mais de toute évidence elle ne savait pas comment s’y prendre. « Bah alors qu’est-ce qu’il se passe ? » Charlie finit enfin par parler. « C’était ma mère, elle voulait prendre un peu de nos nouvelles et puis… Elle avait aussi quelque chose d’important à nous dire. Elle voulait te le dire à toi directement, mais vu que je ne savais pas à quelle heure t’allais rentrer et qu’elle n’avait pas énormément de temps et bien elle me l’a dit… Ta mère est décédée hier matin. » Elle n’était pas passée par quatre chemins pour me dire les choses, Charlotte était du genre direct, surtout qu’elle savait très bien que cette information ne risquait pas vraiment de me bouleverser. Je m’assis alors sur le canapé et je tournais la tête vers ma meilleure amie. « Ah d’accord. J’irais pas à l’enterrement c’est certain, ou tu aurais voulu y aller ? » « Je t’aurais accompagnée si tu l’avais souhaité, mais je pensais bien que tu ne le voudrais pas. » J’haussais alors les épaules et j’allumais la télévision. Ca me faisait quand même bizarre d’apprendre que ma mère était décédée, je ne pouvais pas dire que ça me faisait rien, mais en même temps je n’avais pas du tout envie de revoir qui que ce soit de Seattle et encore moins mon père. Et puis elle s’était jamais occupée de moi alors je ne voyais vraiment pas pourquoi je devrais m’occuper d’elle maintenant. « Et ta mère comment elle va ? » « Elle va bien, mais t’es sûr que ça va Nora ? » Je tournais alors mon regard vers ma meilleure amie, affichant un vague sourire. « Oui ne t’en fais pas pour ça ! » Je savais que ma meilleure amie allait s’inquiéter pour moi, c’était tout à fait normal et ça me touchait qu’elle le fasse. Mais je ne voulais certainement pas partir dans une longue discussion au sujet de ma mère, elle n’en vaut certainement pas la peine. Je tournais alors mon regard vers la télé et on termina notre soirée assise sur ce canapé à regarder la télévision et à discuter de tout et n’importe quoi. C’était une journée comme une autre finalement, mais j’étais toute de même touchée par ce qui était arrivé. Elle reste ma mère et ça fait bizarre d’apprendre qu’elle est décédée, surtout que je ne savais même pas qu’elle était malade. Vers les environs de 22 heures, je ne tenais plus et je me levais du canapé. « Je vais me coucher ! » En arrivant dans mon lit cependant je n’arrivais pas à dormir, mais j’avais besoin d’être seule un petit moment. Je regardais alors le plafond de ma chambre soupirant légèrement. J’avais 22 ans, j’étais bientôt photographe professionnelle, ma vie était parfaite… La mort de ma mère aurait dû me détruire, mais pourtant je ne ressentais même pas un petit vide en moi et au final je trouvais ça triste.

I JUST LOVE MY NEIGHBOUR. Je sortais de chez moi un petit peu pressée et en sortant de l’ascenseur je fus surprise de rencontrer un jeune homme avec un gros carton sur les bras. Je failli lui rentrer dedans, mais heureusement je m’arrêtais juste à temps. « Attention mademoiselle ! » Il avait parlé sur un ton sympathique, presque amusé et je regardais alors avec plus d’attention la personne qui se trouvait devant moi et je ne pus m’empêcher de noter à quel point il était charmant. Je gardais cependant un visage impassible, comme je sais si bien le faire. « C’est vous qui ne regardez pas où vous allez avec votre carton ! » J’avais parlé sur le même ton sympathique et amusé que lui et il haussa alors un sourcil avec un petit sourire charmeur. « Oh mais c’est qu’on ne se laisserait pas faire ! » « Ah non, c’est vraiment pas mon genre. » Je lui lançais un petit regard de défi avant de lui passer à côté et de continuer mon chemin. J’étais bientôt en retard au travail et ce n’était pas ce jeune homme qui allait me retenir. Cela faisait un petit moment que j’avais commencé à travailler maintenant et j’adorais mon métier bien évidemment, j’avais 24 ans et j’étais totalement épanouie. En rentrant le soir du boulot je m’approchais de Charlotte. « T’as vu le nouveau qui a emménagé dans l’immeuble ? » « Absolument pas, pourquoi ? » J’affichais alors un petit sourire coquin. « Parce qu’il est carrément craquant. » C’est donc comme ça que j’ai rencontré pour la première fois Wayne Hamilton qui habite dans le même immeuble que moi. Après ça bien évidemment j’ai tout fait pour le recroiser et partir sur une plus longue discussion. « Vu comme vous étiez partie lors de notre rencontre, je pensais bien ne jamais vous revoir ! » « Oh j’étais pressée et vous aviez l’air très occupé ! » Un sourire s’étira alors sur les lèvres du jeune homme. « Moi c’est Wayne et vous ? » « Moi je ne donne pas mon prénom aussi rapidement. » Le jeune homme éclata alors de rire. « J’aime beaucoup votre répartie, vous savez ! » Après ça on continua de discuter pendant un moment et à la fin il savait non seulement mon prénom, mais également mon numéro de téléphone et en rentrant dans mon appartement j’espérais qu’il me rappelle et au plus vite.

Le temps passa, Wayne et moi faisions de plus en plus connaissance et je devais avouer que ce jeune homme avait un petit plus qui me plaisait énormément. Cependant, je ne montrais pas le moindre signe de faiblesse et je me contentais de passer de bon moment en sa compagnie. Et puis petit à petit les choses devinrent plus concrètes et on finit par coucher ensemble. Aujourd’hui cela fait environ 5 mois que ça a commencé, on s’entend à merveille, on fait pas mal de choses ensemble et on couche toujours ensemble, mais pourtant nous ne sommes pas un couple. Ni l’un ni l’autre n’a vraiment envie de ça en tout cas… Pourtant je sens bien que les choses sont différentes avec lui et que petit à petit j’ai fini par réellement m’attacher à lui. Mais je pense que nous avons tous les deux beaucoup trop de fierté pour avouer qu’on a des sentiments l’un pour l’autre. Il faudra voir comment les choses évoluent, mais une chose est sûre je suis super heureuse d’avoir fait sa rencontre. « Bon tu décides bientôt à te mettre avec lui ?! » C’était ma colocataire et meilleure amie Zeppelin qui ne cessait de me poser cette question. Oui parce qu’à présent Charlotte et moi avions une autre petite habitante dans notre appartement et c’était parfait. Cette fille je la connais depuis Seattle, elle est aussi née là-bas et puis finalement on est devenue beaucoup plus proche lorsque je l’ai revue ici à Pasadena. Elle travaille pour un magazine et j’ai dû faire quelques photos pour eux à plusieurs reprises ce qui nous a permis de nous rapprocher. Comme elle cherchait un appartement et bien je lui ai proposé de venir avec nous, Charlie était d’accord et nous avions une place en plus alors ça ne servait à rien d’hésiter. Donc voilà où j’en suis aujourd’hui, toutes mes emmerdes du passé sont bien loin derrière moi, je suis photographe, je vis avec deux filles tout simplement extraordinaires et puis j’ai fait la rencontre d’un jeune homme vraiment trop craquant et je crois bien que j’en suis tombée amoureuse. Mais il ne faut rien dire, c’est un secret. Et puis bah la vie continue, j’ai 25 ans et honnêtement aujourd’hui je ne voudrais rien changer à ma vie, elle est parfaite comme elle est et par-dessus tout et bien… Je me sens super bien !